Marie Lachand s'intéresse à la peinture dès l'adolescence en commençant par des gouaches sur papier. Un peu plus tard elle achète ses premières toiles et ses premières huiles. Elle peint quelques paysages, s'appuie sur des images de revues. Le fait d'être sans guide, sans appui, sans encouragements la démotive peu à peu. Sa production est sporadique. Grosse déception et sentiment d'incompréhension lorsque ses parents, d'un milieu modeste, refusent qu'elle entreprenne des études d'art. Ceci ne peut être un métier...Alors changement de cap !
Ses débuts dans un office de tourisme lui permettent de rencontrer les premiers musiciens avec lesquels elle travaillera plus tard. Créatrice du festival « Musique en Pays d'Olt » elle y invite des musiciens des plus grands orchestres français puis des musiciens du monde entier. Dévouée à ce festival très vite doublé d'une académie musicale, elle en oublie la peinture. Jusqu'à ce que ce festival passe entre d'autres mains et que la retraite s'annonce.
La voilà libre comme l'air. Son désir de peindre revient, nourri d'une vie remplie de musiques, de visites de musées et d'expositions variées, de lectures.
Mais cette fois-ci elle trouve un guide pour développer sa technique. Elle admire le travail de Francis, peintre et sculpteur, et suit son enseignement dans l'atelier d'amateurs. Elle y expérimente pendant quelques années toutes sortes de médiums : peinture à l'huile, acrylique, encre, crayons de couleurs, aquarelle, mélange des genres, ajouts de matériaux … Maître exigeant, bienveillant mais sans concession, Francis Mascles lui permet de découvrir et de développer son propre style.
Elle démarre en recopiant des œuvres qu'elle affectionne y mettant rapidement sa touche personnelle. Très vite se fait sentir l'envie et le besoin de passer à un travail plus intime de création, d'abstraction. Elle abandonne tout modèle mais reste dans le figuratif. Jusqu'à ce que... ;
...à l'issue d'un an de maladie Marie Lachand porte sur la vie un nouveau regard. Elle se lance alors dans sa première série. C'est la naissance des territoires. TERRITOIRE 1 « SANS FRONTIERE » Huile sur toile 100x50
En donnant des titres à certaines de ses toiles elle prend ses « regardeurs » à témoin de ses pensées, de ses émotions, de ses angoisses, de ses espoirs. Elle les emmène dans ses mondes. Ce choix de Territoires n'est probablement pas sans lien avec le livre de Houelbecq « La carte et le territoire » qui l'a marquée.
« Pour moi, peindre des Territoires, c'est arriver à l'atelier sans savoir quel format je vais choisir, quel outil je vais prendre, quelles couleurs je vais sélectionner. C'est arriver dans l'atelier vierge d'idées et d'explorer un nouveau Territoire. Telle est ma démarche depuis 2015. »
Texte de Catherine Beauvert
Marie Besses - Lachand
Après avoir essayé toutes sortes de médiums : peinture à l'huile, acrylique, encre, crayons de couleurs, aquarelle, mélange des genres, ajouts de matériaux… j’ai opté pour l’acrylique qui sèche vite.
C’est Francis Mascles, plasticien Aveyronnais avec qui j’ai travaillé pendant 2 ans qui m’a incité à chercher au fond de moi la façon d’exprimer par la peinture mon ressenti face à un monde chaotique qui m’interpelle.
Ce que je ressens c’est un mélange de colère, d’impuissance et de désespoir face à l’incohérence de l’action. Pour ne pas sombrer dans ce monde difficilement compréhensible rappelons-nous cette phrase de Nietzche: « Nous avons l’Art pour ne point mourir de la vérité »
Dans le calme de mon atelier après longs moments de réflexions solitaires sur les difficultés de vivre des êtres humains dans un monde chaotique. Je ne choisis pas en conscience la taille de la toile, les couleurs, les outils, -pinceaux couteaux - je laisse s’exprimer mes sentiments.
Mes tableaux sont « matiérés », ma peinture est grattée, frappée, torturée, il me semble parfois que je la sculpte…Elle exprime souvent de la violence face à l’impuissance d’agir et de réussir à apaiser, à fraterniser ce monde où la violence semble s’imposer.
Cependant la manifestation de la couleur apporte de l’espoir dans mon travail:
« REGARD ABSTRAIT SUR LE MONDE »
Je crois en l’être humain, en ce qui est beau en lui, je crois à la lutte par la main tendue, par le dialogue, par le regard posé sur l’autre avec curiosité…
J’ai lu par cette phrase de J.M.G Le Clézio sur la quatrième de couverture de son dernier livre « Avers » cette phrase: « Pour moi, l’écriture est avant tout un moyen d’agir, une manière de diffuser des idées ».
En remplaçant le mot écriture par «peinture» je voudrais, avec mon travail diffusé des idées plus humaines, plus fraternelles…
Si je veux vous emmener dans mon monde je peux vous raconter mes tableaux mais dans ce cas vous n’êtes pas libre de laisser votre ressenti s’exprimer, vous devenez prisonnier de mon ressenti.
Je vous propose donc de regarder, de vous laisser aller et de venir me rencontrer dans mon atelier pour échanger et si vous le souhaitez, je vous parlerai de ce qui m’a inspiré.